Qu'est-ce qu'on mange ?

La question est quotidienne, on y réfléchit deux minutes, on prépare un repas, on le mange et on passe à autre chose. Mais qu’est-ce qu’on mange vraiment ? En passant au Café-Cuisine à la maison des berges un dimanche matin, quelqu’un m’a dit « on est ce qu’on mange ». Est-ce que je suis une tomate cultivée en plein hiver et qui a voyagé plus que moi en une année avant d’arrivée dans mon assiette ? Est-ce que je suis un gratin dauphinois emballé dans du plastique et du carton et assemblé dans une usine ? Est-ce que je suis un hamburger qui ne pourrira jamais ? Est-ce que je suis un œuf pondu par une poule qui n’a jamais vu la lumière du jour et qui ne peut presque pas bouger ? Est-ce que je suis E472 ? Il paraît qu’on vit dans le monde moderne, qu’on est évolué et qu’on n’arrête pas le progrès. Ce progrès qui produit des déchets, tandis que la nature produit des cycles qui se répètent. Ce qui est sûr : ce qu’on mange parle de nous, comment on voit le monde, les autres espèces vivantes, nous-mêmes. Jusqu’à présent j’ai toujours laissé à d’autres le soin de fabriquer les éléments de ma nourriture. Et nous sommes nombreux à avoir délégué ce travail. A une époque pas si lointaine une grande partie de la population occupait son temps à faire de la nourriture. Aujourd’hui les agriculteurs sont désespérés. Qu’est-ce qu’on va manger quand plus personne ne voudra faire ce travail ? Après ce chaos qu’est-ce qui me sera le plus utile ? Mon smartphone ou savoir planter des choux ? Avec le collectif Vita’terre on a envie d’apporter notre petite contribution pour ne pas oublier ce savoir-faire ancestral qui consiste à planter des trucs qui vont pousser et qu’on pourra manger ensuite. Et si en plus on peut le faire avec bon sens et respect de la nature alors je mangerai le soleil, l’eau, la terre. Je serai la feuille, la racine, la couleur, la chair. Et je replanterai une graine pour l’année prochaine.
ALORS QU’EST-CE QU’ON MANGE ?
Mathias